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Les jours passaient et l’enquête piétinait. Pas la moindre petite piste… Mattéo rageait dans son coin, il en espérait presque un autre meurtre pour avoir un point de départ. Son patron était prêt à classer l’affaire et ça le mettait de mauvaise humeur…
En plus de ça, l’image de la jeune femme de la boutique l’obsédait et il n’aurai pas su dire pourquoi. Des jolies femmes, il en avait vu des stocks au cours de ses enquêtes, mais c’était la première fois qu’un tel phénomène se produisait et ça l’angoissait presque. A croire que son subconscient voulait qu’il enquête par là, mais ça n’avait aucun sens. Pourquoi sa belle inconnue serait-elle mêlée à ce meurtre. Ou alors… Tomberait-il amoureux? L’idée le fit frémir…
Lauwrencita, elle, était joyeuse. Sa boutique marchait a plein régime, c’était bientôt les fêtes de Noël et cette période de cadeaux était bénéfique pour les affaires. Un petit regret cependant, c’est que peu d’hommes venaient… Sinon, peut-être aurait-elle revu son bel inconnu.
« Allons, se dit-elle, inutile de rêver, il ne reviendra pas. » Elle avait de quoi être fière à part ça. Elle se dit qu’elle devait changer sa vitrine et mettre plus de déshabillés suggestifs, avec peut-être des personnages, plutôt que des coordonnés sur des fils à pêche. Et pourquoi pas deux minis scènes, une représentant le temps passé elle trouverait sûrement ça au théâtre et l’autre, le temps présent. « Je demanderai à Anna et à Rosa de m’aider! » Rosa venait toujours le matin avant que la boutique n’ouvre. Lauwrencita avait compris que Rosa en pinçait pour le directeur de la banque, mais préférait ne rien dire. Cet homme lui avait toujours paru bizarre, elle avait même pensé un moment qu’il devait être homo. Mais Rosa le trouvait si merveilleux. D’ailleurs cette dernière, pensant arriver bientôt à ses fins, lui avait acheté une nuisette de dentelle arachnéenne et Lauwrencita, avec beaucoup de tact, lui avait fait un prix, plus que d’amie.
Ce matin, là une dame distinguée et d’un certain âge, pénétra dans la boutique. Elle paraissait un peu perdue, aussi se dirigea-t-elle vers Lauwrencita, qui la regardant arriver, lui trouva un air familier sans savoir pourquoi. Sans doute, une cliente de passage…
« Je voudrai une chemise de nuit longue avec le déshabillé assorti, dans des tons pastels, lui dit là dame, taille 36, c est pour l’anniversaire de ma fille de 16 ans ».
Lauwrencita ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.
« Pourquoi riez-vous, lui demanda la dame?
- Pardonnez-moi, Madame, lui répondit-elle, mais je pensais à un charmant monsieur, qui voulait quelque chose de féminin pour l’anniversaire de sa sœur de 16 ans mais qui ne savait pas sa taille.
- Comment était-il?
- Autant que je m’en souvienne, lui dit Lauwrencita, un grand brun, très bel homme, avec de magnifiques yeux bleus. Mais je ne le connais pas vraiment et d’ailleurs il n’est pas revenu! »
La dame sourit à son tour…
- Ce doit être mon fils, Mattéo, il est inspecteur de police. »
Lauwrencita regarda la dame d’un air effaré.
- « Inspecteur de police, répéta-t-elle bêtement?
- Oui, il n’a pas beaucoup de temps de libre…Il enquête sur une histoire bizarre, vous avez peut-être vu ça dans les journaux. »
Lauwrencita senti comme une chape de glace tomber sur elle. Un flic, il ne manquait plus que ça….
Elle se dirigea comme une automate vers le rayon de nuit et recommanda à la dame si distinguée, une chemise de nuit très pudique en soie sauvage couleur pêche, dont les seules fioritures étaient sur le déshabillé assorti d’une couleur un peu plus soutenue.
La dame repartit avec ses achats, Lauwrencita s’abîma dans ses pensées.
« Un flic, se dit-elle, même s’il te plaît, évite-le! Ou alors accepte le danger qu’il représente… »
(à suivre)

Verteprairie

le 28/09/04