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La boutique était située dans un centre commercial. Au cœur de cette mini ville faite de magasins de toutes sortes, elle se distinguait par la beauté des couleurs et l’éclairage de sa vitrine, tout en demi teinte pastelle. Lawrencita se faisait un point d’honneur à rendre sa vitrine alléchante aux yeux de ses futures clientes. Elle avait investi toutes ses économies pour créer ce lieu. Mais enfin, elle avait pu réaliser son rêve : Secrets de Dames était né. Elle qui, jeune fille, n’avait pu mettre que des dessous de coton, elle vendait de la lingerie de qualité, coupée dans les dentelles les plus fines, les soieries les plus douces. Soutiens gorges et slips coordonnés voisinaient avec les nuisettes, les déshabillés, des plus sages aux plus coquins, des plus classiques aux plus sexy. Y en avait pour tous les goûts, de toutes les couleurs, pour toutes les tailles, car elle considérait que toutes les femmes de la plus jeune à la plus âgée, de la plus mince à la plus forte, toutes les femmes donc, pouvaient avoir un jour envie d’être belles.
Lawrencita était elle-même une très jolie femme : Grande, brune aux yeux verts qui lui donnaient un air de chatte gourmande, des cheveux mi-longs, une allure de sportive sure d’elle. D’ailleurs elle était sportive, elle pratiquait le tennis le week-end ainsi que la natation, mais aussi le karaté qu’elle avait appris avec un sensei ami.
Ce matin, c’était le jour de l’ouverture. Elle finissait de rattacher une pièce de lingerie dans sa vitrine quand une jeune femme entra. Une petite blondinette qui avait l’air perdu. Tout de suite, Lawrencita sentit qu’elle s’en ferait une amie. La ville était plongée dans la nuit. La lune se cachait derrière de lourds nuages. Pas une étoiles ne venaient illuminer le ciel. La pale lueur des réverbères faisait des taches glauques sur les trottoirs glissants. Les rares passant se pressaient de rentrer chez eux. Pourtant, une ombre rasait les murs, s’arrêtant quelquefois dans le creux d’une porte cochère, cherchant Dieu sait quoi… Elle observait la nuit, elle regardait la ville… Quand quelqu’un passait près d’elle, la mince silhouette se confondait avec la muraille. Elle devenait pierre comme elles. Personne ne pouvait deviner qu’elle était là. Elle reprenait sa marche, fluide, ensuite. Une fois ou deux, des fenêtres s’allumaient, prouvant qu’une famille était rentrée à bon port, puis s’éteignait de nouveau : Les occupants des appartements allaient prendre du repos. Et l’ombre se plongeait à nouveau dans la nuit…( à suivre )

Verteprairie

le 28/07/04