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Tuka conduisait Patricia à travers les rues de la ville, au milieu des blocs de maisons. Elle avait l’impression que Tuka la baladait dans les rues sans but précis, mais à chaque fois qu’elle longeait un mur différent celui ci semblait s’allumer de l’intérieur. Quand Patricia demanda l’explication à Tuka, celui-ci lui répondit : « c’est un peu compliqué, le Patriarche t’expliquera ! »
Patricia donc, flânait dans les rues de la ville, qui avait d’ailleurs beaucoup de charme. Elle et son compagnon arrivèrent bientôt près d’une maison circulaire couleur or.
« On est arrivé, dit Tuka, viens, entre avec moi. »
Tuka la fit entrer d’abord dans une grande salle dont les parois translucides s’irisaient comme les murs de la ville mais là, avec toutes les couleurs de l’arc en ciel. Puis il la conduisit dans une salle plus petite, où un vieil homme vêtu d’une toge d’or les attendait.
« Je te présente le Patriarche, Patricia. » Et il s’inclina en la faisant passer devant lui.
Patricia, qui se sentait gauche et maladroite, esquissa une petite révérence.
« Prends place près de moi lui dit le vieil homme. » Patricia regarda autour d’elle, puisqu’elle n’avait pas vu de siège. Elle remarqua que le Patriarche et Tuka souriaient mais elle ne comprenait pas. Pourtant en se retournant complètement, elle vit qu’un confortable fauteuil était apparu derrière elle. Elle prit donc place près des deux hommes.
« Les lumières que tu as vu apparaître dans les murs, lui dit le patriarche, c’est notre façon de comprendre ton esprit et ta langue. Nous t’avons choisie pour que tu puisses confectionner à nos femmes de la lingerie. Elles ont décidé de reprendre une forme humaine. »
Patricia pensait qu’une civilisation d’hommes qui prenait soin des désirs de leurs femmes était à coup sûr, bénie !
« Je ferais de mon mieux, dit-elle, mais il me faut du matériel.
- Dis nous ce dont tu as besoin et tu l’auras ! »
Patricia énuméra tout ce qui lui fallait et demanda :
-« Avez-vous du tissu, des dentelles ? »
Les deux hommes se regardèrent et firent signe que non.
-« Ce soir, il y aura une grande soirée pour ton arrivée. Nos frères et nos sœurs viendront tous. Celles qui sont intéressées par ce projet viendront te voir et tu pourras prendre leurs mesures et calculer ce qu’il te faut exactement. Maintenant laissez- moi, j’ai à faire.»
Tuka et Patricia sortirent. La jeune fille était abasourdie. Elle demanda :
-« Puisque vous pouvez voyager pourquoi ne pas avoir fait vos courses directement sur terre ?
- C’est un peu compliqué
- Mais en quoi ?
- Tu verras de soir… »
Tuka la ramena à la maison des voyageurs et la laissa aux bons soins de Forme Blanche. Celle-ci la reconduisit dans sa chambre.
« -Veux tu le cube, lui dit-elle. Tu ne peux pas encore le manier seule.
- Plus tard répondit Patricia, je voudrais juste dormir ! »
Patricia s’allongea, et s’endormit aussitôt.
Quand la jeune fille se réveilla, elle se sentait prête à affronter ce monde nouveau qui s’offrait à elle. Forme Blanche, lui apporta une toge verte, qui s’harmonisait merveilleusement avec la couleur de ses yeux, en lui disant : « Je m’appelle Solénie »
Solénie la conduisit vers le cube de détente, et Patricia ne se sentant pas angoissée cette fois, put profiter pleinement du massage.
Ensuite tandis qu’elle revêtait la robe longue, une sorte de coiffeuse apparut. Solénie lui fit signe de s’assoire. Patricia prit place, et aussitôt apparut des brosses, des peignes ouvragés, des barrettes, des épingles…
Solénie lui releva ses cheveux et lui fit un chignon très artistique qui dégageait adorablement son cou gracile. Quand ce fut fini, tout le matériel disparut. Patricia avait l’impression de vivre un rêve, éveillée. Solénie lui présenta une paire de sandales vert eau qui s’accordait avec sa robe. « Tu mets ce genre de choses dans ton monde je crois, lui dit-elle. Prends les, un frère les a faites pour toi ! »
Patricia se demandait ben qui était ce frère et comment il avait ses mesures, mais elle renonçait à poser des questions. Il y avait tellement de choses à voir, à découvrir, à comprendre, à apprendre ! Les questions ce serait pour plus tard.
Dans la grand-salle de la maison des voyageurs Tuka attendait patiemment.
Quand Patricia le rejoignit, il lui tendait la main. Il avait une forme toute à fait humaine à présent et ma foi, Patricia pensait qu’il était fort bel homme. En le voyant sourire, elle le rappela qu’il pouvait lire dans ses pensées. Tuka la rassura et lui dit « bientôt toi aussi tu sauras faire, et aussi comment te protéger. Nous y allons ? Tout le monde t’attend. » Patricia chercha des yeux Solénie mais elle semblait avoir disparue.
-« Solénie nous rejoindra plus tard, lui dit Tuka, elle n’est pas tout à fait prête. »
Marchant d’un bon pas dans les rues de la ville, aux cotés de son compagnon, Patricia respirait à plein poumon la fraîcheur et la pureté de l’air.
-« C’est à cause du dôme, dit Tuka, il nous protège !
- Comment s’appelle ton monde ?
- Notre langue est trop difficile pour toi, pour l’instant, mais ça pourrait se traduire par Ciel d’Or, dans la tienne.
- En tout cas, ta ville est très belle… Elles sont toutes comme ça ?
- Je ne sais pas, lui répondit Tuka, je ne suis jamais allé au-delà du dôme. »
Comme ils arrivaient devant la maison du Patriarche, Patricia se tut.
Tuka la fit pénétrer dans une salle qui semblait être celle de la réception. Beaucoup de monde se pressait autour d’un buffet. C’était une profusion de robes dans tous les dégradés de rose ou d’orange. Quand le Patriarche entra, les personnes présentes s’inclinèrent. Il se dirigea vers eux et, prenant Patricia par la main, la conduisit vers une sorte d’estrade, où deux fauteuils attendaient.
« - Chers amis, dit-il en s’adressant aux invités, je vous présente Patricia qui vient de la planète Terre. Selon le vœu de nos femmes, elle a consenti à confectionner de la lingerie sur mesure pour chacune d’elle. Après le banquet, chacune pourra venir la voir afin qu’elle puisse prendre les bonnes mesures. »
Consentit ? Patricia ne se souvenait pas qu’on lui ait demandé son avis, mais qu’importe, l’aventure était plaisante.

Verteprairie

17/11/2006