

Patricia
ouvrait les yeux doucement. Elle voyait au-dessus d’elle une
sorte de dôme irisé, sans comprendre ce que c’était.
Petit à petit, ses sens se remirent à fonctionner.
Elle sentait de légères vibrations, entendait un ronronnement
diffus, puis une voix s’imposa dans sa tête : « Bonjour,
dit la voix, nous sommes arrivés ! »
Le dôle s’éteignit, puis se releva. L’Etranger revint
près d’elle, et de sa forme floue sembla l’entourer pour
l’aider à se relever. Puis il recula. Patricia, se sentait fraîche
et dispose. La grande robe blanche tombait jusqu’à ses pieds.
Le tissu était doux comme de la soie sur sa peau nue pourtant il avait
un aspect brillant comme une feuille de plastique ou de skaï. Elle se
dit que ce serait sympa d’en rapporter, et qu’elle pourrait créer
des modèles qu’on s’arracherait à prix d’or.
Mais tout cela était ridicule, puisqu’elle ne savait pas ce que
c’était ni où elle était.
La curieuse rampe était descendue, et l’Etranger lui fit signe
de le suivre. Se souvenant de sa première expérience, Patricia
hésitait. Puis elle s’y risqua. La rampe était ferme sous
ses pas, pourtant elle était pieds nus. Arrivée en bas, elle
leva les yeux vers le ciel. Un grand dôme surmontait la ville, la protégeant.
Mais de quoi ?
Devant elle, un grand bâtiment accueillait les voyageurs, et à coté de
son engin inconnu, d’autres plus petits étaient posés.
Beaucoup de formes floues tournaient autour.
La ville s’étendait après le bâtiment. Les murs étaient
fait de cette matière translucide qui l’étonnait tant mais
ils étaient tous de couleur rose ou orangée. .L’Etranger
la conduisit vers une maison bleue et la voix lui dit « C’est la
maison des voyageurs ! »
Là, une forme blanche l’accueillit, la fit assoire sur un banc
bleu qui resta rigide à son contact aussi. Une table apparut aussitôt
devant elle. La forme blanche lui apporta un bol de soupe fumante. « Mangez,
lui dit la voix, je pense que vous aimerez ! »
Patricia regardait le bol, puis la forme, puis encore le bol, en se disant
qu’elle allait sans doute se brûler mais il n’y avait pas
de cuillère. Elle prit le bol dans ses mains, le portant à ses
lèvres et s’aperçut que ça paraissait à une
température acceptable. Elle commença à boire ce qui ressemblait
fort à une soupe de légume, même si ça n’en
n’avait pas l’aspect. Elle se sentait ravigotée comme si
elle avait pris un repas complet.
La forme blanche fit disparaître le bol et la table et l’invita à la
suivre. Patricia commençait à comprendre les gestes des formes.
Forme Blanche, ainsi que la nommait Patricia, la conduisit vers une chambre
faite d’un grand lit de la même matière que tout le reste.
Les murs étaient bleu pastel, il n’y avait pas de fenêtres
mais pourtant la chambre était très claire.
Forme blanche lui enleva sa grande robe et la conduisit vers une sorte de cube
translucide qui s’ouvrit pour l envelopper. Patricia se mit à crier
mais la voix lui dit : « N’ayez pas peur, ça va vous faire
du bien et vous laver ! » Effectivement, la matière gélatineuse
la frotta, la malaxa, la frictionna, puis devint liquide et fraîche comme
une ondée de printemps.
Forme Blanche guida Patricia vers le lit et lui fit signe de se coucher.
Patricia s’allongea et s’endormit aussitôt.
Dans ce qui semblait être la nuit, elle entendit des chuchotements, des
glissements comme quand on marche sur un parquet ciré avec des patins,
mais cela ne l’inquiétait pas. Elle se sentait bien et dormait
comme un bébé.
Longtemps après, elle ouvrit les yeux. Les murs bleu pale étaient
devenus bleu sombre traversés par des stries de lumière. Patricia
les suivit un moment du regard et se rendormit.
Quand elle se réveilla vraiment, Forme Blanche était à ses
cotés et la pièce était de nouveau claire. Forme Blanche
lui tendit une robe bleu pale et la conduisit dans la première salle. « Je
me demande s’ils boivent du café, se dit-elle ! » La table
se rematérialisa ainsi que le bol de soupe. Patricia fit la grimace
et aussitôt une odeur de café emplit l’air. « C’est
de la magie, pensa-t-elle ».
Patricia but son café qui d’ailleurs était délicieux,
et, elle qui d’habitude prenait deux tartines, n’en éprouvait
pas le besoin. Sans doute le dépaysement ou la fatigue du voyage.
Patricia regardait partout mais Forme Blanche surtout l’intriguait. Il
lui semblait qu’elle avait ce matin, une forme presque humaine.
Quand elle eut bu son café, l’Etranger était devant elle.
Lui aussi, semblait avoir une forme plus concrète.
« Viens, lui dit-il, je vais te conduire au Patriarche. » Patricia
qui s’appétait à le suivre s’arrêta net. Elle
n’avait pas rêvé ! Il avait vraiment parlé ! Et en
français qui plus est…
« Tu ne rêve pas, je m’appelle Tuka, nous avons étudié ta
langue dans l’astronef. Mais il faut un peu de temps à nos frères
pour s’y habituer aussi. Je serais ton guide, ton interprète et
aussi ton professeur. Viens avec moi. » (à suivre)
Verteprairie
14/11/2006
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