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C’était le 31 octobre. La ville était déjà en effervescence. Les enfants, sous des masques diverses masques se baladaient dans les rues. La nuit n’était pas encore tombée. Les grands peaufinaient leurs déguisements, avec la ferme intention, de jouer à se faire peur, avant d’aller boire et danser. Dans une pièce qu château un petit fantôme regardait ça avec amusement et tendresse. Qu’ils s’amusent donc les humains, leur vie n’est pas si gaie ! Et puis, il lui vint une idée folle : Et si, elle se mêlait à eux ? Vite, vite, elle fila vers le grenier. Là elle y retrouva, les malles pleine de dentelles. Elle opta pour un suaire blanc, une pure merveille de dentelle au point d’Alençon qui avait du servir à une de ses grand mères qui aujourd’hui ne sortait plus du donjon où elle vivait confinée dans ses souvenirs. Sûrement qu’elle ne lui en voudrait pas de l’utiliser. Elle se regarda dans le miroir en écartant les toiles d’araignées, et elle en rosit de plaisir. Elle avait fière allure ! Un vrai fantôme, du temps passé, très élégante ! Fébrile, elle redescendit dans ses quartiers. Quand minuit sonna, elle s’envola au dessus du château et vint se poser au milieu de la foule. Elle se mit à virevolter, elle se sentait presque humaine. Son regard accrocha un grand fantôme recouvert d’un drap blanc, très sobre. Lui aussi l’avait remarquée. Mais la foule, qui cavalait dans les rues de la ville les sépara un moment. Pourtant, quand elle s’arrêta enfin, il était là, tout près d’elle. Il paraissait grand, bien plus grand que la plupart des protagonistes de la fête. Il faisait un couple superbe : Lui si grand, majestueux, et elle si fragile, dans ses froufrous de dentelle ! Quand les fêtards commencèrent à s’essouffler et se décidèrent à pénétrer dans la boîte de nuit, elle resta dehors à les regarder avec envie. Mais, tournant la tête, elle vit le grand fantôme à deux pas derrière elle qui la regardait fixement. Elle n’osait plus bouger. Elle le vit tendre la main vers elle, du moins pensait-elle que ce fut la main. Etait-ce un vrai fantôme, ou un humain ? Elle ne savait plus quoi penser. Elle s’approcha doucement de lui. Les volants de son suaire virevoltaient autour d’elle comme des vagues. Il l’entoura de son grand drap et la conduisit dans une clairière, près d’une fontaine, dont le doux bruissement l’apaisait. La lune était espiègle et fut propice à leurs amours. Il souleva ses dentelles, elle osa passer la main sous le drap. Sans doute une fée passant par là, les matérialisa l’espace d’une nuit pour favoriser les ébats. Quand l’aube rosit le ciel, elle se retrouva seule, immatérielle et nue…Elle remit son suaire de dentelle et s’envola vers son havre de paix , le château, en se promettant de revenir hanter la fête des humains pour le prochain halloween. Peut-être reverrait elle le grand fantôme blanc. Rien que d’y penser, elle se sentait femme …

Verteprairie

le 31.10.2005