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Lilia est une petite fille, comme toutes les petites filles. Mais tandis que ses sœurs jouaient à la poupée ou à la dînette, et que ses frères se disputaient des billes, Lilia rêvait.
Elle s’imaginait, vêtue d’une longue robe blanche, au bras d’un gentil et riche fiancé qui aurait pu lui offrir les merveilles qu’elle avait vu dans un vieux magazine de madame Rose, sa voisine.
Lilia, aimait se promener seule dans les rues de sa ville. Un jour elle tomba en admiration devant une devanture d’un tout petit magasin. On y voyait, suspendu à des fils, des culottes de toutes les couleurs, des porte-jarretelles comme sa maman mettait quelquefois, des soutiens gorges de dentelle tellement fine qu’ils paraissaient presque transparents.
« Quand je serais grande, se dit-elle, j’aurais ça… Et ça… » Tout lui paraissait signe de joie.
Elle resta longtemps devant la boutique et quand elle rentra chez elle, il faisait presque nuit.
Le lendemain, elle courut se poster devant son magasin, et le surlendemain, et le jour d’après…
La propriétaire, voyant cette petite fille, était intriguée.
Un matin, elle sortit sur le pas de porte et lui dit : « Ma boutique te plait ? Veux tu la visiter ? » La petite fit oui de la tête et suivit la dame.
Ah mon dieu ! C’était une vraie caverne d’Ali Baba ! Des corsets et des corsages, des nuisettes, des combinaisons, des soutiens gorges, des boléros, des slips, des strings, des brésiliens… Toute une palette de couleurs, de formes, de tissus, de dentelles… Lilia ouvrait grand les yeux, mais elle n’arrivait pas à tout voir…
« Ecoute, lui dit la dame, si ta maman est d’accord, tu viendras tous les jours après l’école, pour m’aider à ranger tout ce que mes clientes mettent en désordre, et je te donnerais des pratiques, tu veux bien ?
- Oh oui, madame, répondit Lilia ! »
Chaque jour, après l’école, Lilia courait au magasin de la Dame.
- Un jour elle lui dit « Pourquoi est ce que votre magasin n’a pas de nom ?
- Et comment l’appellerais-tu si tu pouvais lui donner un nom ? Lui dit la dame
- Les mille et une merveilles, répondit Lilia., et vous comment vous appelez vous madame ?
- Josée
- Alors, les Mille et une merveilles de Josée… C’est beau non ?
- Très beau, mon petit. »
Donc Lilia, après l’école courait au magasin. Alors que ses petites camarades se réunissaient pour faire des sorties ou bavarder, Lilia remettait en ordre toutes ces merveilleuses pièces de dentelle.
Les jours passèrent, puis ce fut les grandes vacances. La maman de Lilia décida de l’envoyer le premier mois en colonie et le deuxième chez sa grand-mère au bord de la mer. Mais Lilia s’ennuyait. Son magasin lui manquait et madame Josée aussi. Sa grand-mère essayait bien de la distraire, mais rien n’y faisait. Elle ne comprenait pas pourquoi sa petite fille paraissait toujours dans les nuages, absente, comme partie dans un rêve lointain.
Le soir de la rentrée des classes, n’y tenant plus, Lilia courut vers son cher magasin. Et là, elle resta ébahie. La vitrine s’était agrandie, et en lettres d’or, il y avait écrit sur la vitre « Les Mille et Une Merveilles de Josée » ! Lilia n’en revenait pas… Elle n’osait pas entrer, elle regardait ce titre en or sans rien dire. La propriétaire vint à sa rencontre en lui disant : «
- Alors, ça te plait ?
- Oh, oui madame
- Tu peux m’appeler Josée tout simplement mon petit. Entre donc ! »
Toutes les merveilles étaient encore là. Toujours aussi belles…
Et Lilia reprit son service. Comme elle aimait toucher ces petites choses ! Un jour j’en porterais, se dit-elle.
Et le temps passa entre l’école et le magasin de Josée. Lilia devint une belle jeune fille : Brune, les cheveux longs, élancée, une poitrine ferme. Les garçons la regardaient mais elle ne les voyait pas. Elle voulait réussir ses études avant tout.
Le soir de ses dix sept ans, Lilia couru vers la boutique de Josée. Elle avait une grande nouvelle à annoncer à son amie. D’abord c’était son anniversaire, et puis, elle avait réussi son bac, et elle tenait à ce que son amie soit la première à le savoir.
Mais, il y avait une petite foule devant le magasin. Elle demanda à un passant qui lui répondit : « C’est une équipe de tournage ! »
Elle se faufila à l’intérieur, et Josée quand elle la vit s’écria :
« - Ah tu tombes bien, toi ! »
Et s’adressant à une dame élégante, elle lui dit : « Et Lilia, elle ne pourrait pas faire l’affaire ? »
La dame vient regarder Lilia sur toutes les coutures et lui dit :
« - Aimerais tu être mannequin pour la lingerie ?
- J’aimerais bien essayer, oui madame, mais je ne sais pas.
- Moi je sais, répondit la dame. Allons dans une cabine. »
La dame emprunta au magasin un coordonné slip et soutien gorge à sa taille, sans se tromper et lui dit de les mettre pour voir l effet.
- Ravissant, dit-elle, tu es faite pour ça ! Es tu majeure ?
- Non madame
- Alors je dois voir tes parents ! Penses tu que ce soit un problème ?
- Je ne sais pas madame, mais si c’est Josée qui demande, je ne crois pas ! »
Et ainsi fut fait… Lilia, qui, petite fille était tombée en admiration devant un vieux magasin, devint le mannequin vedette d’une ligne de lingerie. Peut-être l’avez-vous vu dans votre magasine ou placardée sur les bus…. Mais toujours, Lilia revenait dans sa ville près de sa maman et sa première visite était pour son amie Josée, qui suivait la mode, encore plus.

Verteprairie

09/11/2006